Un nouveau voyage.

Ryltha marchait dans le port, avec son long baton touchant à peine le sol. Elle se promenait ainsi depuis une heure, sans aucun but. Se promener sur le port n'était pas le plus agréable, mais au moins, il y avait un petit vent assez bienvenu. Elle longeait les batiments, au bord des quais, son baton toujours en avant pour ne percutter personne. Sans lui, elle y arrivait aussi, mais les gens se posaient beaucoup de questions. Elle préférait donc ne pas se séparer de sa "canne d'aveuge".

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Si elle était dans la capitale, c'est qu'elle avait vu Razyr la veille. Cela faisait un an qu'il s'était quitté, et pour tout dire, il lui avait manqué. Ils s'étaient retrouvés dans une auberge, et Razyr avait rapidement retrouvé ses habitudes : il lui avait entièrement décris le lieu, du sol au plafond, personnes incluses.
Un fois cette description passée, ainsi que quelque fous rire, il lui avait ensuite raconté ce qu'il avait fait pendant l'année.

_ Je suis allé pour la première fois dans la barronie Barbarus. Je me suis dit qu'il devait avoir besoin de guérisseur là-bas. Et bien je ne me suis pas trompé. Sauf qu'il m'est arrivé une belle mésaventure... Figure toi que tout homme valide dans ces terres doit s'engager dans l'armée !

Ryltha éclata de rire. De nombreux souvenir remontaient à sa mémoire, et surtout celui où Razyr avait tenté d'enfiler son armure. Il s'était amuser à nouer toutes les attaches, jusqu'au moment où il avait poussé un cri de panique. Il ne parvenait plus à retirer l'armure. Rytlha l'avait aidé, et au bout d'un temps extrémement long ( il faut dire que défaire des attaches en étant aveugle et ayant un énorme fou rire...), elle vait réussi à le sortir de là.

_ J'ai finalement réussi à les convaincre que je serais plus utile en tant que guérisseur.
_ Je me demande comment tu as réussi à les convaincre...

Elle laissa planer sa question. Elle avait senti que son ami était géner sur ce point, et pour le taquiner, elle se montrait curieuse...

_ Ca, ça ne m'avait pas manqué !
_ Ca quoi, fit elle innocemment ?
_ Bon, je vais te le raconter... On m'a tendu une épée, et au bout d'une minute, j'ai fini par me couper...

La journée continua, et ils se racontèrent toutes leurs aventures de cette année. Razyr décida de rester dormir dans cette auberge, et le matin, il était parti, un grand sourire sur les lèvres :

_ A dans un an... Sauf si on se croise avant !

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Repensant à cette magnifique journée, elle s'était assise sur une caisse. Son demi-sourire ne la quittait pas. Elle avait envie de retirer son bandage, et de profiter de la caresse du soleil sur son visage. Elle partirait demain de cette ville. Pour aller où ? Aucune idée !

Elle se leva et décida de continuer sa petite ballade. Dans cette ville, les gens semblaient égoïste. Tous étaient très concentré, sur leur métier, leur journée, sans même profiter de la vie, ou dire bonjour à son voisin. Elle s'était fait bousculer plusieurs fois, et aucun ne lui avait dit pardon. Décidémenent, elle n'aimait pas trop cette ville.

Elle marchait lorsqu'elle sentit une pensées malveillante. Elle garda son sourire. Les voleurs avaient le don de la choisir pour cible... Il est vrai qu'en apparence elle est aveugle... Elle se concentra sur cette personne, et ses souspons furent confirmés... Elle le laissa s'approcher, et le pick-pocket se servit de sa dague pour trancher le cordon de sa bourse.

D'un mouvement souple, Ryltha dégaina son épée courte et celle-ci termina sa course sous le cou du jeune homme. Il était étonné... Cette réaction amusa la jeune femme :

_ Rend moi ma bourse petit ou je me ferais un plasir de la récupérer...

Elle lacha son baton et attrapa la chemise de l'homme avec la main droite. le garçon était tout bonnement appeuré...

Cela faisait environ une heure, non, deux... Ou peut-être trois, qu'Ayame longeait le port. Depuis qu'elle était revenue à la «vie», elle ne cessait d'errer, ses pensées toutes aussi errantes. Mais où diable pourrait-elle trouver Sianon ? Elle ne savait de cette immortelle que ce qu'elle avait entendu de la bouche de vieux séniles... C'était trop peu. Le temps lui était précieux. Il fallait qu'elle trouve cette femme le plus tôt possible. Marven avait précisé à la ressuscitée que celle-ci ne subirait pas les effets de la malédiction des né-immortels. En contre-partie, elle serait obligée de boire du sang une fois par jour.

Et ce jour-ci, Ayame n'avait toujours pas bu une seule goûte de sang. La veille, elle avait tenté de résister à la malédiction, de ne pas se jeter sur quelqu'un pour le vider de son sang... Malheureusement, la demoiselle avait cédé. Elle ne se souvenait plus vraiment de qui elle avait attaqué, mais elle se souvenait parfaitement de la sensation qu'elle avait éprouvée. Le goût du sang, celui qui coulait dans sa gorge. Avait-elle tué cette pauvre personne ? Ayame n'en avait aucune idée, mais elle espérait que non. Tentant en vain de se souvenir, la jeune femme fut prise de nausées. Elle s'assit à même le sol, observant l'agitation du port.

Son regard allait d'une personne à l'autre. Ici, les gens semblaient pressés, trop occupés. Ayame remarqua qu'une jeune demoiselle, assise au milieu de la foule, ramassait ses affaires éparpillées sur le sol. Prise dans l'agitation, elle avait du trébucher. La ressuscitée se leva en soupirant profondément, puis se dirigea en direction de la pauvre demoiselle qui semblait désemparée. Personne ne s'arrêtait pour lui venir en aide, et chacun continuait d'avancer, lui marchant sur la main, tentant de dérober les objets qui semblaient de valeur... Ayame tenta de poser sa main sur l'épaule de la demoiselle, mais elle ne fit que la traverser. Horrifiée, la ressuscitée se réprimanda mentalement de son imprudence, mais fut rassurée de voir que personne n'avait rien remarqué.

Se concentrant, cette fois-ci, elle parvint à poser sa main sur un petit objet en bois qui traînait sur le sol, avec les divers autres objets éparpillés. Elle le tendit ensuite à la jeune adolescente, qui, un peu moins affolée, la remercia. Au bout de quelques minutes à peine, les deux jeunes demoiselles réussirent à retrouver toutes les affaires de l'adolescente, qu'elle replaça dans son panier en osier. La remerciant encore une bonne dizaine de fois, celle-ci continua son chemin. Un petit sourire de contentement étiré sur ses lèvres, Ayame retourna s'asseoir à l'écart de la foule. A peine fut-elle assise qu'une femme attira son attention. Ses yeux étaient bandés. Elle était sûrement aveugle...

Une autre personne attira son attention, mais cette fois-ci, ce fut un homme. Ayame remarqua immédiatement la dague qu'il tenait cachée sous sa veste. Elle décida de se contenter de regarder la scène de là où elle était. Après tout, une aveugle qui déambulait au port ne devait pas être sans défense. La ressuscitée tâta sa cuisse, afin de vérifier qu'elle possédait toujours sa dague, au cas où. Le voleur s'approcha de l'aveugle, se servant de sa dague afin de trancher le cordon qui retenait la bourse de sa victime. Celle-ci dégaina une petite épée dont la lame vint se poser sous la gorge du voleur. Lui, ne semblait pas en revenir. Ayame, elle, sourit en se relevant. Se dirigeant vers les deux personnes, elle remarqua que l'aveugle avait empoigné la chemise du jeune homme, qui semblait apeuré.

D'un coup de pied d'une précision étonnante, Ayame envoya la bourse valdinguer dans les airs. Tendant simplement la main, celle-ci retomba dans sa paume, dans un cliquetis de pièces s'entrechoquant. Avec une douceur étonnante, la ressuscitée posa sa main sur celle de l'aveugle, comme pour lui conseiller de lâcher la chemise du voleur. Elle regarda sévèrement celui-ci, qui ne semblait songer qu'à s'enfuir. Cependant, il ne lâchait pas sa dague. Ayame la lui arracha de force, pour éviter qu'il ne songe à attaquer la demoiselle aux yeux bandés.

-«Vos méthodes sont un peu brusques pour un simple voleur. Vous devriez le laisser repartir.» Commenta Ayame, d'un ton posé.

Ryltha tenait toujours le jeune homme. Comme elle le pensait, personne ne se mélait de ses affaires. Le voleur semblait paniquer de plus en plus. Elle n'était pas sadique, mais la jeune femme se régalait de la frayeur du garçon. Après tout, maintenant il y regarderait à deux fois avant d'attaquer quelqu'un d'autre !

Le jeune homme n'avait pas encore décroché un mot, ni même esquissé le moindre geste lorsque quelqu'un intervint. Ryltha sursauta car elle n'avait pas sentit la présence de cette mystérieuse personne. Son don était devenu automatique, aussi cela la surpris grandement.D'abitude, elle n'avait pas besoin de se concentrer, mais là, "l'aura" de la personne était comme voilée... Etrange...

Lorsque la personne posa sa main sur son épaule, Ryltha se sentit rassurée. Le voleur perdit rapidement sa dague, et la jeune femme retrouva son sourire. En entendant la voix calme et assez mélodieuse de la dame, Ryltha se détendit un peu. Après tout, elle n'allait pas commencer à avoir des préjugés alors qu'elle les combattait depuis qu'elle revivait !

Elle lacha le jeune homme qui détala en vitesse. Ryltha rengaina son épée, puis ramassa son baton. Seule la main posée sur son épaule lui indiquait la présence de la jeune femme qui l'avait aidé. Cela mettait Ryltha mal à l'aise car en ce moment, elle était un peu comme une vraie aveugle. Elle décida de se concentrer.

_ Je vous remercie Dame.

Tout à coup, elle parvint à saisir la présence de la mystérieuse dame. Elle se rappela que ce n'était pas la première fois qu'elle rencontrait se genre de problème. Une fois, un mage s'était retrouvé avec un baton sous la gorge pour être arriver à pas de loup derrière l'aveugle. Il s'était excuser, et Ryltha avait mis plusieurs jours avant d'arriver à le localiser. Mais elle n'était jamais arrivée à sentir ses intentions.

_ Je suis surprise que quelqu'un se soit méler de la vie d'un autre dans cette ville mais je vous en suis sincérement reconnaissante. Puis-je savoir votre nom ?

Son naturel curieux reprenait le dessus. ce n'était aps tellement juste qu'elle pose cette question, puisqu'elle même ne pouvait pas réelement y répondre. Ryltha était le nom d'une ancienne combatante. Si Razyr l'avait appelé comme ça, ce n'était pas à cause de son armure et de son épée courte, mais parce que le nom de famille de cette combatante était Solblindi qui grossièrement traduit voulait dire " aveuglé par le soleil ". Il avait trouvé ça marrant. Ryltha avait un peu moins apprécié...

Ayame resta muette lorsque la jeune inconnue relâcha le voleur. Elle l'observa s'enfuir. Personne n'avait réagi, mais cela ne la choquait plus. Son regard se posa sur la bourse, que le fuyard avait tenté de dérober, qu'elle tenait à présent en main. En effet, elle était plutôt bien remplie. La ressuscitée n'avait jamais volé qui que ce soit, même pas lorsqu'elle était enfant. Mais ces gens devaient être vraiment désespérés pour voler ainsi... Ce désespoir brisa le sourire d'Ayame quelques instants.

La personne qu'elle venait de «secourir», bien qu'elle ne semblait pas vraiment avoir besoin d'aide, semblait avoir été surprise lorsque qu'Ayame était intervenue. Sûrement était-elle surprise de voir quelqu'un se mêler de ce qui ne le concernait pas, dans cet endroit. Mais elle semblait ne pas avoir senti la présence de la ressuscitée, alors qu'elle avait très bien senti la présence du voleur... Le fait qu'elle ne soit pas humaine aurait-il trompé les sens de l'aveugle ? Etait-ce possible ? Ayame espérait que la réponse soit négative, car la jeune femme pourrait se douter de quelque chose, ce qui n'arrangerait pas la ressuscitée.

Celle-ci gardait sa main posée sur l'épaule de l'aveugle. Elle s'interrogeait sur le fait de laisser cette main ou pas. Peut-être que cela gênait l'inconnue ? Après tout, toucher ainsi quelqu'un que l'on ne connaissait pas paraissait plutôt malpoli. Mais elle ne semblait pourtant pas réussir à localiser la présence d'Ayame. Lorsqu'elle la remercia, la jeune femme aux yeux bandés parut réussir à saisir la présence de la ressuscitée. Celle-ci poussa un petit soupire de soulagement ; cela ne venait donc pas du fait qu'elle n'était pas vraiment humaine...

-«Ce n'était rien, vous vous en sortiez très bien sans moi... Mon nom est Ayame. Ayame Ketsueki. Puis-je vous retourner la question ?» Répondit-elle avec un petit sourire mi-doux, mi-gêné.

Finalement, Ayame retira sa main de l'épaule de l'inconnue. Elle en profita pour détailler celle-ci. Tout d'abord, elle crut qu'il s'agissait d'une vieille femme aux réflexes incroyables, à cause de sa belle chevelure blonde, presque blanche. Mais en observant ses traits, la ressuscitée put constater qu'elle semblait à peine plus vieille qu'elle. La jeune femme mesurait dans les un mètre soixante-cinq et semblait assez fine, mais sûrement musclée pour savoir manier l'épée. Tandis qu'Ayame tentait d'identifier l'étrange tatouage qui se trouvait sur la joue de l'inconnue, elle tourna brusquement la tête, se rendant compte qu'elle la fixait. Décidément, elle était trop familière avec les gens...

Ryltha arrivait maintenant à sentir la présence de la dame. Ayame... Elle ne connaissait pas l'origine de ce nom. Elle aimait bien savoir d'où venait les autres. Encore sa foutue curiosité ! Elle ne put s'empêcher de sourire. Elle posait toujours aux autres des questions auxquels elle-même ne pouvait pas répondre. Une fâcheuse manie qui en avait agacé plus d'un. Mais, si certain étaient sans scrupule et attaquaient une aveugle, la plupart se contentaient de s'énerver et de mettre toutes ces questions sur le caractère enfantin de la jeune femme.

_ Vous pouvez m'appeler Ryltha. C'est le seul nom auquel je suis sure de répondre.

Un sentiment lui parvint, de manière légère. De la gène. Cette gentille dame n'allait pas s'y mettre elle aussi ? Elle se calma en se disant qu'elle avait elle aussi eut un apriori pas plus tard que tout à l'heure. Son sourire revint se fixer sur ses fines lèvres.

Elle ne percevait pas les couleurs, mais l'impression qu'elle avait de la dame se résumait en un mot, plutôt deux : noblesse et mystère. Un long manteau, une robe et un pantalon. C'était tout ce que Ryltha sentait. Mais l'imagination de l'aveugle faisait qu'elle se la représentait drapée de mystères et d'une aura dont peu de gens peuvent se vanter.

_ Vous êtes ici depuis longtemps dans cette ville ? Vous allez y rester ?

Fichue curiosité ! Les mots semblaient toujours sortir tout seul ! Il grimaça un sourire d'excuse avant d'ajouter :

_ Je suis désolé... Nous nous connaissons à peine et je vous bombarde de questions.

Elle avait conscience d'avoir un caractère enfantin. Mais d'un côté, elle était né il y a plus d'un an, après son réveil chez Razyr. Tout ce qu'elle savait d'avant son réveil était que le guérisseur l'avait trouvé au milieu d'un cercle parfait où l’herbe avait été brûlée. C’est pour ça qu’il avait fortement soupçonner l’utilisation de la magie. Après tout, elle était aveugle, sans aucune trace de blessure au niveau des yeux, et aucune brûlure malgré le cercle calciné autour d’elle. Ryltha s’était longtemps raconté des histoires. A défaut de connaître son passé, elle pouvait toujours l’inventer. Elle avait envisagé beaucoup de possibilité : elle était recherché par des gens pas très recommandable, dont un magicien ; elle était recherché par les mages protecteurs à cause d’un crime commis ; ou elle avait fait un duel magique avec un autre magicien… et d’autre gans ce genre là.