Journée noire

Aujourd’hui, c’est un beau jour. Le soleil est au zénith, l’air est doux et le ciel est d’un bleu azur magnifique. Pour tout un chacun, la température est parfaite et la journée sera bonne… Oui pour le petit peuple la joie est au cœur mais pas pour la baronne. Oh non, ce serait d’ailleurs plutôt journée noire. Ce genre de jour où il vaut mieux rester hors de sa vue. Mais ça, ceux qui l’entoure ne sembla pas bien le comprendre…
Dans sa chambre, la baronne était assise sur son balcon, surplombant sa baronnie. Bien que l’une de ses servantes lui coiffe sa longue chevelure rousse, la jeune femme rumine. Depuis plus d’une demi heure cette idiote passe la brosse dans sa tignasse. Croit elle qu’elle va trouver quelque chose à force ?

De son côté la servante en question hésite. Elle sait que la baronne ne va pas supporter longtemps cette lenteur mais peut-elle lui demander ça ? Doit elle le contourner ? Faire comme ci elle était passée partout ? Elle qui est si perfectionniste ne peut s’y résoudre…
Mais si elle ne le fait pas, elle devra lui poser la question et lui poser cette question revenait à prendre de gros risque. A en voir le pied qui s’énerve et les soupirs que pousse la baronne, le temps lui est compté… Il faut qu’elle se jette à l’eau.

« Pourriez vous enlevez votre masque pour que je puisse passer la brosse partout ? »

A cette question, Litsa fronça les sourcils, se retourna et posa les yeux sur l’idiote qui la coiffait. Il était évident qu’elle était nouvelle ou alors elle était vraiment suicidaire…
Tout à coup, il semblait que le temps se soit arrêté, même l’autre servante qui nettoyait la pièce s’arrêta net.
Litsa la foudroyait du regard réfléchissant à comment elle allait lui faire payer ce rappel de ses cicatrices. Allait elle lui infliger les mêmes marques ? Ou bien, elle lui raserait la tête et lui infligerait encore d’autre humiliation avant de peut-être la tuer…

« Pa… Pardon ? »
« Je… Je suis désolée… Je… »

Litsa s’était levée, contourna sa chaise et s’arrêta en face de la servante. Elle attendait que l’idiote arrête de bégayer mais il semblait que celle ci ne s’arrêterait plus. Bouillonnant de l’intérieur, la baronne commençait peu à peu à perdre patience.
Alors que Litsa allait se jeter à la gorge de sa servante, quelqu’un frappa à la porte de sa chambre.

« Oui ? »

L’un de ses conseillers entra. Il la détailla alors de haut en bas. Pour l’occasion, la baronne était habillée d’une jolie robe d’un vert bouteille assez rare. Pour l’occasion, la jeune femme était plutôt élégante, même son masque était assortit à sa robe. Bien qu’il était évident que son humeur soit glaciale, le conseiller espérait bien que les rendez vus prévus ce passerait bien…
En effet, malgré ses fortes objections, l’ensemble des conseillers avaient réussi, par un travail de groupe énorme, à la persuader qu’un mariage ne ferait qu’asseoir encore plus son autorité…

« Baronne, les potentiels hommes intéressants vous attendent… »
« Oh non, c’est pas vrai… Je ne suis pas d’accord… »
« Mais vous savez que votre père aurait… »

Là s’en fut trop. L’assemblage de sa mauvaise humeur, des remarques sur son masque et à présent sur son père… Litsa bouscula sa servante, frappa son conseiller avec violence et sortit en courant de la pièce.
Elle traversa toute sa demeure en courant. Comme à chaque fois que ça lui arrivait, les serviteurs se planquèrent.
Une fois de temps en temps, la pression qui pesait sur ses épaules, la solitude et la fatigue lui donnait l’envie de fuir pour la journée. Elle partait sans donner de nouvelles et lorsqu’elle revenait, elle était en pleine forme…

Une fois arrivée dans la cour, elle prit son cheval et partit au galop vers la forêt d’Elthrin. Là, elle pouvait rester seule sans jamais être dérangée par quiconque. En effet, la plupart des gens pensaient que la forêt était hantée. Et bien que Litsa ne soit pas sûr du contraire, elle s’y rendait à chaque fois pour se sentir loin de tout…

Aldaríanne voyageait depuis plusieurs jours déjà. Elle s'arrêta à un point d'eau pour se rafraichir un peu et réfléchir. On lui avait donné une nouvelle mission. Et son employeur n'était autre que celui qui l'avait formé à ce métier: Re'harf. Il voulait savoir qui se présentait pour épouser la baronne et quel prétendant elle choisirait. Dans le cas échéant où celui-ci risquait d'être trop dur à manipuler, elle devait le tuer ou trouver un quelconque moyen de l'éliminer. Aldaríanne savait pourquoi on l'avait envoyé, elle, et pas une autre. parce qu'elle pouvait réussir à évincer à prétendant et à l'humilier sans recourir au meutre. Re'harf savait qu'elle étaitr la meilleure dans sa partie. Elle réfélchissait donc au moyen de rentrer dans les bonnes grâces de la baronne. Elle savait que la baronne était la benjamine de la famille. Elle avait deux frères ainés. Normalement, l'un des deux aurait dû prendre la succession mais ils ne connaissaient rien aux armes, au gouvernement et ils avaient volntiers laissé leur place à Litsa. Litsa nom donné par son père en hommage à une tribu qu'il avait combattus. Elle savait que la baronne s'était battue pour trouver les assassins de son père, mort empoisonné, et qu'elle avait des cicatrices sur le haut du visage. Mais personne n'avait été capable de lui dire quand, comment, pourquoi c'était arrivé et si quelqu'un les avait déjà vues. Elle soupçonnait fortement sur ce dernier points que la baronne devait faire éliminer tous ceux qui essayait de se vanter d'avoir vu ces fameuses cicatrices.

Elle finit de se rafraîchir et se leva. Aldaríanne regarda autour d'elle. La forêt d'Elthrin était très belle quand le jour perçait les feuilles et donnait une n uance de vert particulière. elle secoua la têt. Elle ne devait pas laisser la poésie envahir ses pensées. Elle se reconcentra et commença à se mettre dans la peau du personnage qu'elle jouerait. UNe noble dame qui venait en terre de Barbarus pour accompagner son frère, prétendant à la main de la baronne. Son "frère" était déjà arrivé et avait normalement pris ses marques et reçut audience. Elle se composa l'attitude d'une femme abandonné par son escorte et privée de tous ses bagages. Elle arriva dans une petite clairière et elle vit une femme visiblement torturée. Elle stoppa son cheval quand elle reconnut la baronne. Ca il devait y avoir peu de chances qu'une autre personne portant un masque, encadré de cheveux rous, et une superbe robe soit une autre personne que la baronne. Aldaríanne se félicita de sa bonne étoile et se composa très rapidement son rôle. Elle descendit de cheval en s'entaillant discrètement la cuisse au passage et prit l'air hagard. Elle était habitué à de telles manoeuvres et faisat cela si rapidement que personne ne pouvait s'en rendre compte. Puis elle s'approcha boitant légèrement de la baronne. Avec une voix soigneusement contrôlée, elle lança:

-Veuillez m'excusez mais pourriez-vous avoir l'obligeance de me dire dans quelle direction se trouve la baronnie de Barbarus?

Ces derniers mots retentirent en elle. Et ils évoquèrent forcément son père. Elle repoussa ses pensées tout au fond d'elle-même et se concentra sur la baronne. Il lui restait à faire amie-amie avec elle ce qui n'allait visblement pas être très facile.

Occupée à terroriser tous les insectes qui passaient au bas de ses pieds, Litsa n’avait même pas entendu les pats de cheval, qui approchait. Non seulement son petit jeu sadique lui occupait les mains mais de plus, elle ruminait sa colère, ce qui lui occupait aussi l’esprit.

Un mariage… Quelle idée grotesque. Jamais un homme n’avait osé aller contre sa volonté alors un mari… Bien que Litsa soit convaincue que certains hommes pouvaient avoir une force de caractère et une force physique plus importante que certaine femme, comme son père l’était autrefois, jamais elle n’accepterait l’idée qu’il lui fallait un mari pour gouverner sa baronnie. Elle n’était pas un objet décoratif qu’on pendait au bras d’un homme en signe de son pouvoir. Et jamais elle n’accepterait d’être affublée d’un homme prit au hasard parmi des prétendants de bons partis.

Rageusement elle écrasa une limace qui passait par là. Le bruit visqueux qui suivi l’éclatement de cette chose ramena la baronne sur terre. Elle ne pouvait pas continuer à s’enfuir chaque fois qu’elle petait les plomb. Après tout c’était elle la chef, elle n’avait qu’à s’occuper de tout pour que la réalité lui convienne.
Elle se releva donc, serrant son poing hargneux, prête à en découdre avec n’importe qui. Bien que pour l’instant, il fallait qu’elle s’occupe de ses « prétendants »…

Alors qu’elle réfléchissait au meilleur moyen de mettre ses plans à exécution, une voix se fit entendre. Avant de se retourner, Litsa s’amusa à imaginer la femme qui se trouvait dans son dos. Car il s’agissait bien d’une femme étant donné la voix, quand au langage utilisé, il semblait être plutôt réservé aux membres d’une classe supérieure. Elle devait donc être en train de tourner le dos à une noble dame.
La baronne se retourna et vit qu’elle ne s’était pas trompée. Un mince sourire apparût alors sur ses lèvres. La jeune femme qui lui faisait face était plutôt jolie malgré son air ahuri. Pour un peu, Litsa aurait presque pu avoir pitié de la noble. Mais malheureusement pour la demoiselle, la baronne gardait encore en elle une mauvaise humeur mal contenue…

« Je le pourrai… Mais vous comprendrez sûrement qu’avant de guider quelqu’un je veuille savoir qui est cette personne et quelle est la raison de sa venue… Après tout on entre pas à Barbarus sans but… Et puis ce n'est pas le genre de lieux qu'on aime visiter.»

Aldaríanne réfléchit rapidement. Elle analysa tous les faits et gestes de la baronne presque inconsciemment, décela les émotions contenues dans sa voix. Après tout elle avait été formée pour cela. Elle sentit donc que la baronne était en colère mais elle ne ignorait la raison. Deux hypothèses: soit elle l'avait pris en grippe dès la première minute, soit une autre cause à son énervement. Sûrement la deuxième raison. Et probablement pour les prétendants. Elle savait que cela lui avait été imposé et si elle avait été à sa place elle n'aurait pas aimé car elle aurait eu l'impression qu'on lui usurpait son autorité. Mais elle n'était pas à sa place et elle allait la jouer prudente. Son esprit étant ordonné, ces pensées avaient durées quelques secondes et son silence peu de temps.

"Je suis Lady Stienda, je viens dans la baronnie pour y voir mon frère, madame"

Peu de mots mais tous pesés. Rien qui puisse offenser. Elle fit passer dans ses yeux une flamme de joie qui disait qu'elle appréciait d'avoir rencontré quelqu'un. Un léger respect glissé dans la voix et appuyé sur le mot "madame" juste ce qu'il fallait. Pour faire comprendre qu'elle l'avait reconnu mais qu'elle pouvait ignorer si elle le désirait son rang ou bien alors lui donner le respect voulu. L'expression de son visage se faisait lentement un peu moins ahurie et on pouvait y percevoir une pointe de soulagement. Derrière ce masque soigneusement mis en place, la véritable Aldaríanne souriait ironiquement. C'était si facile de jouer quelqu'un d'autre, que ce soir une noble, une paysanne ou une dame de compagnie.

[la suite quand je peux u_u]